Plusieurs photographes du continent africain posent leur regard sur l'environnement et le quotidien de leur pays. Ils montrent au travers de leurs œuvres, une image insolite et décapante du continent Afrique et de la diaspora noire. Images peu vues, ou mal vues.
Vues à travers le prisme de notre analyse encore trop "occidentale", même si l'Europe change aujourd'hui son regard sur l'Afrique.
En complément de ces artistes sera présentée une vidéo-projection : un témoignage saisissant des indignés du Sénégal nommés eux-mêmes "Y'en a marre". illustrée par des photos d'Élise Fitte-Duval et présentée par Daylimotion, dirigé par Matthieu Cretté.
Exposition conçue et réalisée par MC2a.
Présentée au Garage Moderne, à MC2a et à Atelier JFP Leguit.
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AMSATOU DIALLO : "Bain au Niger"
Au Garage Moderne.
Amsatou Diallo est présidente des Femmes Photographes Maliennes.
Cela en dit long sur la détermination des femmes de ce
pays à se positionner, tant dans le domaine de l'art que dans la lutte contre la discrimination dont est l'objet la femme dans quelque pays que ce soit.
Amatsou Diallo est influencée comme beaucoup de photographes
maliens par la figure tutélaire de Malick Sidibe, un des pères de la
photographie malienne.
Comme le fit son maître il y a une trentaine d'années, Amsatou
a voulu témoigner, par ce reportage surprenant, de la jeunesse de son pays. Le prétexte : le dimanche au bord de l'eau, les pieds dans le Niger. L'intimité, la familiarité qui se dégagent de ces vues montrent ce qu'aucun photographe "blanc" n'aurait pu réaliser, au risque d'être taxé de méchant voyeur.
BINETTE CAMARA :"Les chinois en Afrique"
Au Garage Moderne
Appelée Bintou, cette jeune photographe, membre des Femmes Photographes du Mali, est une élève de Malick Sidibe. Elle a bénéficié d'une bourse de l'Institut français pour mener à bien ce projet.
"Alors que les européens semblent s'intéresser beaucoup moins à l'Afrique que par le passé, les chinois investissent
massivement et sont de plus en plus présents dans tous les
domaines. Dans ce contexte de mondialisation, il est important
de faire ressortir les actions que mènent les chinois pour que l'Afrique devienne un débouché pour leurs produits industriels. On peut constater qu'ils arrivent à vivre comme des africains. De là une équitable sympathie, une affection sincère que tissent les chinois avec leurs frères africains.
Si aujourd'hui les chinois présents sur le continent arrivent à
intégrer la culture africaine, ne peut-on pas penser que leur
culture laissera des traces en Afrique ? "
JOHN KIYAYA : "L'autre rivage swahili"
Au Garage Moderne
John Kiyaya est né en 1970 à Kassanga en Tanzanie. En 1986, il
rencontre l'écrivain Jean Rolin qui lui offre un appareil et scelle
son destin de photographe. Il commence alors à photographier
les habitants de son village et les environs du lac Tanganyika. La
vente des portraits réalisés lui permet de continuer ses études.
Ses clients attendent des photos ressemblantes mais John Kiyaya
a le don de faire dire à l'image ce que l'on ne lui a pas demandé.
Ses photographies ressemblent au continent tout entier, capté
par l'oeil insoupçonnable d'un Africain.
"Toutes ses photographies sont des commandes de voisinage
pour fêter un mariage, une naissance, l'achat d'un spectaculaire poste à transistor. Elles sont faites pour être punaisées au-dessus d'un lit entre un crucifix barré de buis et le portrait vénéré de l'inventeur du socialisme en Afrique, Julius Nyerere. Les clients en attendent qu'elles soient ressemblantes. "J.B Harang
Projet soutenu par le programme SWAHILI de l'Agence nationale
pour la recherche et le le laboratoire Les Afriques dans le
monde (LAM, Université de Bordeaux), et l'Institut français
de recherche sur l'Afrique (Nairobi). Enquête de François Bart (Sumbawanga), traductions d'Alain Ricard. Ce projet a bénéficié de la confiance de Jean Rolin.
MALICK SIDIBÉ
Au Garage Moderne.
Malick Sidibé, est né au Mali en 1936. De son oeuvre, on connaît d'abord les photographies de reportage, prises dans les surprises-parties. La clientèle est populaire, jeune. à partir de 1994, le travail de Malick Sidibé est remarqué et fait rapidement
l'objet d'expositions importantes dans les grandes galeries et musées du monde entier. En 2003 le prix de la photographie Hassselblad lui est décerné. C'est la première fois qu'un africain est ainsi promu au rang des plus grands photographes internationaux.
Remerciements : Olivier Sultan, Musée des arts derniers de Paris.
MÉGA MINGIEDI : "Cartographie de la ville africaine"
Galerie MC2a.
Méga Mingiedi est né en 1976 en République Démocratique du Congo.
Il a étudié à l'Académie des Beaux-arts de Kinshasa et à l'École
Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg. C'est à partir de
ce double socle kinois et strasbourgeois, et d'une réflexion personnelle engagée, qu'il a développé le vocabulaire innovant qui caractérise son travail.
À travers ses travaux mi-cartographies, mi-mind maps conceptuelles composés de dessins, collages, graffitis et installations, Méga Mingiedi porte un regard inédit sur l'espace urbain.
Dès que le regard de l'artiste s'est posé sur les villes, il devient
impossible de les regarder comme on le faisait auparavant.
Il transforme la vision de l'observateur tout en répondant à
des interrogations centrales sur les espaces urbains postcoloniaux,
sur la violence, et sur l'extraordinaire vitalité de ces
villes.
Mingiedi est co-fondateur du collectif EZA POSSIBLES de Kinshasa et collabore avec de nombreux artistes africains
et européens.
Jean Depara
Atelier JFP Leguit
- Femme cowboy,
- Les danseuses et de Gaule,
- Le discockey
Né en 1928 à Kboklolo, Angola. Vivait et travaillait à Kinshasa (République Démocratique du Congo).
Décédé en 1997.
Depara commence la photographie l'année de son mariage en 1950, il achète à cette occasion un petit appareil de marque Adex. Arrivé à Kinshasa en 1951, Depara tente de concilier la photographie et divers petits métiers: réparateur de vélos, d'appareils photos, ferrailleur.
Kinshasa est une grande capitale où I'on entend la Rumba et le Cha-cha-cha jour et nuit. Le célèbre chanteur zaïrois Franco l'invite à ses soirées musicales, et devient le principal sujet des photographies de Depara qui installe son studio le Jean Whisky Depara.
Depara passe ses journées au Kwist, au Ok Ba ou au Sarma Congo, bars réputés de la cité. La nuit il fréquente les boîtes de nuit à la mode: I'Afro Mogenbo, le Champs-Élysées, le Djambo Djambu et s'amuse à photographier ce monde de noctambule qui étaient fiers de venir lui acheter ces tirages.
Ses photographies noir et blanc saisissent avec pertinence la folle ambiance, l' aisance, la joie, l'insouciance, la sape de cette époque insouciante. Il cesse ses activités en 1989.
CALVIN DONDO
Atelier JFP Leguit
- La ronde,
- Avaré demonstration
Photographe zimbabwéen. Né en 1963 à Harare, au Zimbabwe, où il vit et travaille, Calvin Dondo a étudié la photographie à l'Institut polytechnique d'Harare de 1985 à 1988. Il a exposé dans de nombreux pays (Grande-Bretagne, États-Unis, Canada, Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Cuba, Norvège, Chine, Japon, Sénégal, Burkina Faso, Bénin, Mali, Afrique du Sud et Namibie). Il a reçu de nombreuses
récompenses, dont le Grand Prix Seydou Keïta des Rencontres
de Bamako (2007). Son travail de photographe free-lance est paru dans plusieurs publications locales et internationales.
Il est le fondateur et directeur artistique de Gwanza, le Mois
de la photographie du Zimbabwe. Son travail aborde les problèmes
contemporains qui affectent le monde et la façon dont les gens tentent, individuellement, de résoudre les leurs. Il travaille sur
des projets à long terme qui portent sur les questions d'identité, de citoyenneté, de migrations et de relations amoureuses. En 2003, il a été commissaire de l'exposition nationale du Zimbabwe aux Rencontres de Bamako.
Mamadou KONATÉ
Atelier JFP Leguit
-L'envol
Mamdou Konaté, né en 1959 à Bamako (Mali). Ses premiers travaux étaient des photos de famille prises pour le plaisir, aussi quand il commence à faire des photographies pour les autres, il décide alors d'en faire sa profession. Il s'installe à son compte et photographie des mariages, des baptêmes et des évènements politiques. Il développe ensuite un travail plus artistique où il photographie des détails de corps et d'objets : cicatrices, bouche d'enfant, des yeux, un os…Il utilise la lumière afin de mettre en valeur la matière de ses sujets. La forme et la couleur deviennent alors autonomes. Konaté dirige également le studio Kela & Fox à Bamako.
Mamadou Konaté a créé une association dénommé Farafina dont le but est de créer une photothèque.
Jurgen Schadeberg
Atelier JFP Leguit
- A visit to a farm
Le parcours et l'oeuvre d'un témoin exceptionnel, considéré comme le père de la photographie sud-africaine. Né en 1931 à Berlin, Jürgen Schadeberg émigre en Afrique du Sud en 1950. Très vite, le jeune photographe s'intéresse à la communauté noire, alors "invisible". Ses clichés montrent la vie quotidienne dans les townships, révélant les discriminations sociales et raciales. Il photographie la chanteuse Miriam Makeba à ses débuts, l'avocat militant Nelson Mandela… En 1964, Schadeberg, qui a désormais trop de mal à travailler en Afrique du Sud, s'installe à Londres. Il sillonne alors l'Europe et l'Amérique pour les plus grands journaux internationaux. De retour en Afrique du Sud après la fin de l'apartheid, il réalise en 1994 un portrait saisissant du nouveau président sud-africain : Nelson Mandela regardant par la fenêtre de son ancienne cellule de Robben Island. Schadeberg vit aujourd'hui en France, près d'Alençon.
Malick Sidibe
Atelier JFP Leguit
- Danser le twist,
- Un yéyé en position,
- Groupe d'amis sur la plage
Malick Sidibé est né en 1936 au Mali, il apprend le dessin et obtient le diplôme d'artisan bijoutier à l'Ecole des Artisans Soudanais (actuel Institut National des Arts) à Bamako en 1955. La même année, Malick entre au studio "Photo Service" tenu par le Français Gérard Guillat avec lequel il fait l'apprentissage de la photographie. C'est en 1962 qu'il ouvrira son studio dans le quartier populaire de Bagadadji à Bamako. Le grand maître malien du portrait est alors Seydou Keita qui photographie à la chambre 13x18 les élégantes de la capitale et leurs familles. Malick Sidibé choisit des appareils plus légers : 6x6 pour le studio et 24x36 pour les reportages.
De l'œuvre de Malick Sidibé on connaît d'abord les photographies de reportage, prises dans les surprises-parties organisées par des jeunes gens friands de musique et de liberté alors que le pays se prépare à l'indépendance. Ces séries débutent vers 1957 et vont se poursuivre jusqu'au début des années 1970.
Par la suite, c'est bien le portrait réalisé en studio qui va constituer la majeure partie de l'activité du "Studio Malick". Au laboratoire, le photographe réalise lui-même les tirages, développant le plus souvent la nuit pour profiter des températures moins élevées.
La clientèle du studio est populaire, jeune, elle vient d'abord du quartier. Malick a l'âme joyeuse, curieuse, enthousiaste, généreuse, il en dépose naturellement une petite part dans chacun de ses portraits ; le studio devient un théâtre d'invention dans le jeu des poses ou le choix des fonds. On vient de partout.
À partir de 1994, avec les premières Rencontres de la photographie africaine à Bamako, le travail de Malick Sidibé est remarqué et fait rapidement l'objet d'expositions importantes - la première a lieu à la Fondation Cartier à Paris - dans les galeries et musées en Europe, aux Etats-Unis et au Japon. En 2003 le prix de la photographie Hasselblad lui est décerné. C'est la première fois qu'un Africain est ainsi promu au rang des plus grands photographes.
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Jeu. 10 nov. 19h / Garage Moderne
Mathieu Cretté : vidéo-projection "Y'en a marre - La force du désenchantement" Elise Fitte-Duval (artiste photographe,
sélectionnée par la 9ème édition des Rencontres de Bamako) : photographies. Susana Moliner et Marta Vallejo : textes.
Mar. 15 nov. 19h / Hangar en bois
Dans le cadre de la Semaine de la solidarité internationale, et en partenariat avec MAM (Mondes Africains en Mouvement)
Marian Nur Goni : conférence "Etre photographe aujourd'hui en Afrique, nouveaux enjeux et perspectives".
Ven. 18 nov. 19h - 21h / Hangar en bois
En partenariat avec la librairie Olympique, et les AOC de l'Egalité en Aquitaine
19h - Dominique Deblaine, Karfa Diallo, Mar Fall et Boubakar Seck : rencontre littéraire animée par Safiatou Faure avec la "Caravane des écrivains noirs d'Aquitaine".
21h - Frédéric Chignac avec Stéphane Guillon et Aïssa Maïga : ciné-club "Le temps de la kermesse est terminé"
Un film désopilant, cynique et décapant, digne de la cinémathèque de Jean Rouch.
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VERNISSAGE JEUDI 10 NOVEMBRE à 19H au GARAGE MODERNE (1, rue des étrangers, 33300 Bordeaux) et à partir de 22h à PORTE 44 (44, rue du Faubourg des Arts. 33300 Bordeaux) pour MINUIT A KINSHASA (MEGA MINGIEDI).
Atelier JFP Leguit (39, rue Gouffrand, 33300 Bordeaux).
Expositions du mardi au samedi, de 14h à 18h et le 1er dimanche du mois.