De Slawomir Mrozek
Mise en scène : Marjorie Nakache
Avec : Greg Germain et Xavier Marcheschi
Décor : Ludovic Renaud
Assisté de David Khalifa et Amélie Tribout
Costumes : Sophie de Testa
Lumière : Lauriano de la Rosa
Son : Patricia de la Salle
Régie lumière : Hervé Janlin
Régie son : Wilfrid Connell
La pièce
Paris, Berlin, Londres ou Stains ? Qui sait où se déroule l'action de la pièce de Mrozek… Deux hommes, deux travailleurs immigrés. Ou plutôt deux émigrés.
Deux déracinés qui passent ensemble un réveillon de fin d'année.
Sont-ils grecs, portugais, espagnols, arabes, polonais ou turcs ? Exilés de l'intérieur, ayant quitté leur campagne pour la capitale ? Qu'importe.
L'endroit d'où ils sont originaires est interchangeable.
Comme leurs situations. L'un est un intellectuel. Un "penseur".
Le second est un manuel. Une "brute de travail".
A travers leur longue nuit, dans les sous-sols d'une maison que nous habitons peut-être, c'est un triple drame qui se déroule.
Celui du déracinement, celui de l'incommunicabilité entre des classes sociales que tout oppose, celui enfin de l'échec ou de la réussite et de ce qu'implique tout "moment de vérité"
"Je riais de plusieurs façons, à voix haute et en silence, d'un rire biologique et intellectuel, mais mon rire n'arrivait pas jusqu'au fond. J'appartiens à une génération dont le rire est toujours assaisonné avec ironie, amertume ou désespoir. Un rire normal, un rire pour rire, gai et sans problèmes, un jeu de mots amusant – ça nous paraît un peu passé et provoque la jalousie." Slawomir Mrozek
Note d'intention
"Les Emigrés" est devenue l'une des pièces emblématiques de Mrozek.
Les deux personnages, enfermés comme des taupes dans un sous-sol, vivent des situations aussi absurdes, aussi insolubles que les personnages de ses précédentes pièces ; mais ici l'humour désespéré s'exerce d'une façon plus directe, plus immédiate.
Les personnages sont réels, chargés d'une épaisseur charnelle.
La mise en scène tentera de mettre en relief la solitude et la misère partagée de ces deux hommes expatriés qui cohabitent tant bien que mal. Leur conflit pour tout et rien révèlera leurs différences malgré leur sort commun : leur statut de "parasites dans un corps étranger" Mais c'est avant tout l'humanité des personnages et toute leur complexité qui doit ressortir derrière cette lutte parfois terrible.
Les origines insulaires des comédiens les prédisposeront à donner toute leur authenticité aux deux protagonistes et à la pièce de déployer toute sa portée.
"Les Emigrés" à Stains, ville aux nationalités multiples, dans le rapport si proche de notre théâtre et de son long compagnonnage avec un public pluriel, ne peut qu'avoir une résonance particulière.
L'intellectuel et le manuel nous parlent à huis clos de liberté et de choix de vie.
C'est la question des migrations, de l'exclusion; C'est le racisme, la peur de l'autre… la question ouverte du retour, toujours soulevée et jamais résolue.
Mais la pièce suscite une émotion universelle car elle pose avant tout la question bien plus large du comportement humain : ses médiocrités et ses petites lâchetés, le désir désespéré d'une vie meilleure, et surtout le rapport à l'autre et l'étrange dépendance qui en découle.
Dont nul ne ressort intact.
3 fiches