Éléonore Yameogo du Burkina Faso parle au sujet de son film Paris mon paradis et le phénomène du rêve d'une vie meilleure en Occident, vécu par tant de personnes qui espèrent atteindre ses territoires.
Eléonore, vous avez eu des illusions de Paris avant d'y aller! Quelle était l'inspiration du sujet de votre film Paris mon paradis?
L'inspiration de mon film Paris mon paradis est partie d'un film du Sénégalais Sembene Ousmane La noire de.... Ce film sorti en 1966 est une adaptation d'une nouvelle tirée de son oeuvre Voltaïque.
La noire de... est le tout premier long-métrage réalisé par un cinéaste d'Afrique noire. C'est l'histoire d'une jeune sénégalaise embauchée comme gouvernante par une famille de blancs vivant à Dakar. Lorsque sa patronne décida de retourner vivre en France, elle pria sa servante de la suivre tout en la faisant miroiter.
Ce film m'a beaucoup touché car comme Diouana, le personnage principal du film, j'ai vécu un face à face des rêves et de la réalité lors de mon arrivée en France. Une désillusion totale de ma vision sur l'Occident.
À l'inverse de Sembene, j'ai voulu traiter le sujet sous forme de documentaire afin de dépeindre la réalité qui se cache derrière le mythe occidental.
La misère vécue par de nombreux immigrants clandestins est bien connue car elle est souvent rapportée dans les médias. Alors que vous étiez encore au Burkina Faso, avez-vous entendu parler de ces conditions? Avez-vous parlé aux compatriotes qui sont rentrés de France?
La misère des immigrés en occident n'est pas souvent médiatisée en Afrique car, cela paraîtrait comme un coup de frein aux futurs candidats à l'immigration.
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(Extrait d'un Entretien par Beti Ellerson, juillet 2011 | Center for the Study and Research of African Women in Cinema)